ecrivainpublic78®

Blog

  • Bonheur du jour

    Cette nouvelle a été écrite dans le cadre du Concours de nouvelles 2023 de l'association "écrire à Versailles". Elle a été sélectionnée dans les finalistes (5me). 

    Bonheur du jourbonheur-du-jour.pdf (171.45 Ko)

  • @langedejouy

    Ce texte a été écrit à l'occasion de la deuxième édition du prix littéraire de Jouy-en-Josas en 2023, et a remporté le Prix Coup de Coeur

    Langedejouylangedejouy.pdf (cliquez pour charger le fichier)

  • Sur la route

    Sur la route, j’ai laissé derrière moi clients et dossiers pour quelques congés qu’on dit mérités

    Quittant une région parisienne désertée,

    où août ne laisse plus dans les rues que personnes âgées

    et ouvriers s’activant courageusement aux travaux d’été.

     

    Sur la route, à mesure que les kilomètres filaient, ma vie défilait

    Seule dans ma clio, comme nous l’étions jeunes mariés,

    le nid s’est vidé et la berline familiale n’a plus d’utilité.

    Mes pensées voyagent des temps forts de cette année écoulée aux projets de la rentrée.

     

    Sur la route, les lignes m’hypnotisent et me conduisent,

    Sans que le temps après lequel je cours si souvent, n’ait plus l’air important.

    Sur fond musical, plein de poésie française, l’aiguille de vitesse paresse et s’abaisse,

    Permettant aux paysages de dévoiler leurs beautés que les bolides SUV ignorent sans pitié.  

     

    Sur la route, pour se rejoindre, il suffit d’avoir laissé le quotidien, sans besoin d’aller bien loin.

    A l’instar de la vie, offrant de multiples possibilités de destinées à discerner,

    Les routes se font plus vallonnées, champêtres et enlacées,

    Aux couleurs repeintes, chaque heure selon la luminosité, chaque saison selon les plantations.

     

    Et si, au bout de la route, après de petits villages où s’ajoutent chaque année des nouveautés,

    se trouve un lieu familier, plein de cette intimité de l’enfance, presque un musée,

    le cœur allégé du poids du quotidien, ici ou ailleurs, il sera bien temps d’arriver,

    après un voyage intérieur plein de douceurs, après une route dessinée avec sérénité.

     

    Bel été.

  • Allo la Terre ?

    Vous croyez aux coïncidences ? Mardi : une succession de contretemps me laissent 45 mn à occuper avant le rdv suivant. Une évidence me vient spontanément : Mme M. qui est sortie de l’hôpital quelques jours plus tôt. Aucune urgence a priori, pourquoi pas. Je me rends donc à sa résidence senior et trouve sa porte close (elle la laisse toujours ouverte, étrange). Je descends à l’accueil et nous remontons à deux avec ses clefs. Nous pénétrons dans le petit studio de Mme M. qui est allongée sur son divan en position fœtale. « Vous pensez comme moi ? » m’interroge la responsable. Yeux mi-clos, bouche entrouverte avec un filet de bave blanche sèche, une main pendante violacée, peu de doutes. Je m’approche, passe ma main devant bouche et nez sans sentir de souffle, puis touche son pouls inerte…

    « Je descends appeler les pompiers et les attendre » me dit la responsable, et sans avoir le temps de réaliser, me voilà seule face à la dépouille de Mme M. J’étais venue m’occuper de payer ses factures et trier son courrier… Je me dis que ce concours de circonstances qui m’a amenée là où je n’aurais jamais pensé être il n’y a encore qu’une demi-heure était pour le moins surprenant et peut-être pas un hasard. J'ai un job à faire ? Une lettre ? : « Cher Bon Dieu, vous trouverez ci-joint l’âme de Mme M. qui vient de nous quitter. Charmante petite mamie, sans famille, toujours le mot gentil, touchante et un peu espiègle, veuillez la recevoir dans la paix qu'elle mérite, elle n’a pas toujours eu une vie facile. Bonne réception. Avec ma plus fervente considération…. » Je scrutais le visage de Mme M. partie seule sur l’autre Rive. Allez zou, une petite prière, ça ne fait de mal à personne... La paix régnait dans le studio.

    Dix bonnes minutes avaient dû passer, quand arriva son ami de 20 ans, un ancien voisin d’une quarantaine d’année. Il venait d’annuler un rdv, car il avait ressenti un fort besoin de venir voir Mme M. sans tarder, sans comprendre pourquoi. Il était très affecté de la nouvelle. Alors que les pompiers s'affairaient à constater l'évidence, nous avons partagé sur cette surprenante coïncidence qui nous avait fait venir tous les deux ici, alors que nous avions d’autres engagements… Qui sait dans combien de temps on l’aurait trouvée sinon. Il me raconta qu’elle plaisantait souvent : « ça ne doit pas être si mal là-haut, puisque personne n’en est revenu » et lui la taquinait : « vous me ferez signe quand vous y serez arrivée ». 

    - Nous sommes là tous les deux alors que nous n'aurions pas dû, ne cherchez plus, vous l’avez reçu votre signe !  

  • La dame au cabas vert pomme

    Une petite dame qui avait l’air de n’importe quelle autre petite dame aux cheveux gris-blanc, portait un sac de courses vert pomme. Jusque-là, rien d’extraordinaire. Sauf que le cabas avait l’air déjà bien chargé et que la petite dame, qui devait bien frôler les 70 ans, stoppa son chemin net devant un de ces emplacements destinés à récolter les sapins de Noël pour les recycler. Elle grimpa avec assurance sur les barrières métalliques et détailla du regard l’enclos de sapins encore bien verts, comme à la recherche de quelque chose. Avait-elle oublié une boule sur son sapin, une étoile ou une guirlande ?

    La dame se mit alors à déplacer avec force les sapins dans l’enclos, comme un clochard fouille une poubelle à la recherche d’un reste de nourriture. De plus en plus étrange ! Elle en attira un vers elle. Aurait-elle retrouvé sa boule ? C’est alors que la dame sortit un objet de son cabas vert pomme, qu’elle pointa dans les airs avec assurance, comme un cow-boy dégaine son flingue. Une scie ! Pas une petite scie, une scie égoïne ! A quel moment on sort de chez soi faire ses courses avec une scie ? Dans un mauvais film d’horreur, les gens se seraient enfuis de toute part en criant de terreur…

    Mais c’est tout à fait naturellement et tranquillement que notre petite dame, sans se soucier un instant de son entourage, se mit à scier le pied du sapin pour récupérer la bûche qui le tenait debout ! Elle maniait sa scie avec rapidité et dextérité, comme un boucher son couteau. Elle saisit son trophée, le glissa dans son cabas, fouilla encore du regard l’enclos au sapin, la scie levée, prête à trancher d’autres pieds… Et sans un regard autour d’elle, rangea le plus naturellement du monde sa scie dans son cabas et s’éloigna d’un pas bien chargé.

    Au prix de la stère, elle aura bien de quoi se chauffer quelques heures si elle a trouvé plusieurs pieds. Vous regarderez autrement votre pied de sapin désormais !

  • L'enfant de la Diège

    L'enfant de la Diège - 1er prix Concours de Nouvelles 2022 de Jouy-en-Josasl-enfant-de-la-diege-v-.pdf (1.13 Mo)

    Ce texte a reçu le 1er prix  au Concours de Nouvelles 2022 de Jouy-en-Josas

  • Vous en connaissez beaucoup des lieux comme ça ?

    Il est un lieu où coule une source aux vertus étonnantes,

    Un lieu unique où malades, invalides et personnes âgées passent en premier,

    Un lieu dont l'histoire fait pâlir d'envie les meilleurs scénaristes de Disney-Pixar,

    Un lieu où se rassemblent régulièrement de grands scientifiques pour conclure qu'en l'état actuel de leurs connaissances, ils ne peuvent expliquer ce qu'ils ont constaté

    Un lieu où les mercis sont gravés sur les murs par milliers,

    Un lieu où des frissons vous parcourent à la lecture des récits miraculeux qui y ont eu lieu,

    Un lieu où, d'un même choeur, parlent dans des langues différentes des foules venues d'ici et d'ailleurs, avec ferveur, sans heurts et dans la bonne humeur,

    Un lieu où l'altruisme se vit toute la journée, par ces hospitaliers qui donnent leur temps, leur engagement, leurs compétences gratuitement,

    Un lieu où le temps se suspend pour faire place à l'oraison, la méditation, l'introspection, les processions,

    Un lieu où tant de lumières brûlent d'espérances que le jour ne semble plus vouloir se coucher,

    Un lieu où le nombre de prières s'élevant vers Dieu dépassent les étoiles des cieux,

    Et comme le disait Bernadette : je suis chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire.

    Venez vous-même voir.

    Lourdes

  • Sourire printanier

    Boulevard du Roi, un lundi à 14h50, un homme se penche vers le pied d’un arbre, et tend la main comme pour enlever une mauvaise herbe ou ramasser quelque chose. Du haut de mon vélo sur la piste cyclable voisine, je m’interroge en passant devant lui. Que cherche-t-il ? Quelques mètres plus loin, arrivée à destination, j'entreprends de cadenasser mon vélo à un panneau, quand une voix d’homme m’interpelle : « ah mais ! C’est mon vélo ça ! ». La voix est joyeuse et taquine.

    Je me retourne et vois l’homme qui, deux minutes avant, se penchait sur le pied d’un arbre. Il doit avoir 85 ans environ, et me regarde avec un large sourire édenté de trois dents sur le haut. Amusée, je lui réponds avec le même ton joyeux : « oh mon pauvre, c’était donc le vôtre ! ».  Il a l’air ravi de ma réponse et continue : « j’avais besoin d’un sourire et vous me l’avez donné ! Je vous remercie, vous êtes charmante ! ».  Je le remercie de sa bonne humeur si indispensable au bien-vivre.

    L’homme serre dans une de ses mains des brindilles, comme un oiseau fait son nid. Il lit mon interrogation et m’explique qu’il prépare de quoi se chauffer pour le prochain hiver, il se dépêche avant que les oiseaux ne lui prennent tous les branchages ! Un drôle d’oiseau joyeux que ce vieil homme touchant, grâce à qui j’ai eu le sourire accroché tout l’après-midi !